Docteur, faîtes vous toujours une épisiotomie ?

Évidemment que non et on va voir pourquoi :

L’épisiotomie est un acte chirurgical consistant à ouvrir le périnée au moment de l’accouchement afin de laisser passer l’enfant. Cette incision a idéalement pour but de sectionner le muscle releveur de l’anus.

La pratique de l’épisiotomie est un geste prophylactique utilisé depuis le XVIIIe siècle et actuellement largement répandu. Les chiffres de 2002-2003 en France indiquent que 47,3 % des femmes qui ont accouché par les voies naturelles ont eu une épisiotomie (68 % chez la primipare et 31 % chez la multipare).

Faut il penser que sans épisiotomie, les déchirures liées au passage du bébé seraient plus invalidantes à court et/ou à long terme.Il semble que non , tant sur le plan douleur, urinaire  que sexuel.

Les bénéfices supposés de ce geste sont démentis par la recherche scientifique depuis plusieurs décennies. En France, c’est en 2005 que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a rendu public le résultat de son travail sur l’analyse des données scientifiques disponibles sur l’épisiotomie.

Pourquoi à l’inverse “accuser” le gynécologue de faire une épisiotomie  systématique , comme si ce geste présentait un avantage pour lui.Lors de l’accouchement , il arrive que le diamètre de la présentation ( la tête ) soit nettement supérieur au diamètre périnéal, ou parfois lors de l’utilisation de Forceps, et là , il faut dire qu’une petite coupure est sans doute plus appropriée qu’une très mauvaise déchirure.

La prudence du CNGOF, qui estimaient que le taux de 30% préconisé au niveau national pourrait baisser si les conséquences de cette politique de réduction étaient positives, n’est donc plus de mise. On peut désormais plaider moins de 5% d’épisiotomie. Non seulement c’est possible, mais c’est surtout nettement moins délétère pour les femmes.

Mais cela reste au praticien d’évaluer la situation, au cas par cas… si le périnée semble prêt à se rompre, l’intervention sera sans doute nécessaire. De même, exceptionnellement, elle pourra être utile pour hâter la sortie d’un bébé en souffrance fœtale.

Il faut aussi prendre en compte la position de la patiente pendant l’expulsion,les positions sur le coté ou à 4 pattes , distendent moins le périnée que lorsque la femme est sur le dos.Ceci dit , ces positions, en particulier sur le coté, ne sont pas si simple à adopter, en particulier pour un 1er enfant.

Dit autrement  : on préfère une maman qui peut s’asseoir sans souci dans son lit, qui ne risque pas de désunion de cicatrice, qui n’a pas de points trop serrés.. et qui est évidemment ravie plutôt qu’une nouvelle maman qui a mal , qui a du mal à s’asseoir à cause de la “coupure qui est mal placée”.